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agriculture, élevage, bouillie, brouet, céréales sauvages, cuisson, galettes, marmite, mouture, préparation, soupe, terre cuite
Extrême fin du paléolithique récent, 23k BC, l’homme moderne exploite pour son alimentation les céréales sauvages dans le croissant fertile[1]. Au néolithique ancien avec les Natoufiens (10k BC), il opère progressivement le passage d’une économie de subsistance (chasse et cueillette) à une économie de production (élevage et agriculture). De la même manière qu’il avait observé les comportements migratoires de ses proies animales, les suivant et anticipant leurs mouvements, il va suivre les cycles de pousse des céréales sauvages. Et pour ce faire, il prolongera ses étapes à un endroit. Ce qui va avoir des répercussions sur plusieurs niveaux.
Tout d’abord sur la nature même de son alimentation ; jusqu’à présent omnivore modéré à forte tendance carnivore (sans toutefois atteindre les sommets de son cousin de Neandertal), il va maintenant devenir consommateur de céréales, de légumineuses et de fruits. L’élevage va lui fournir du lait et par extension du fromage[2]. Ce changement de régime ne sera bien évidemment pas sans affecter son système digestif, et la proximité des bêtes inhérente à l’élevage aura elle aussi son lot d’incidences sur son état de santé.
Ensuite changer sa nature va impacter la consistance de son alimentation. Rompu depuis le Solutréen (22k-17k BC) voire peut-être le Gravettien (28k-22k BC) aux soupes et brouets préparés dans des outres hermétiques en peau, l’homme va consommer les céréales et les légumineuses de la même manière, mais à présent également en bouillies et en galettes. Ce qui implique comme nous le verrons un changement nécessaire dans la préparation du repas.
Enfin, et bien que cela puisse paraître étrange de prime abord, il va souhaiter pouvoir conserver son alimentation. En effet, on peut comprendre que l’homme lorsqu’il se déplaçait encore ait souhaité mettre de la nourriture de côté quand il le pouvait afin de s’assurer des repas dans l’éventualité où il ne trouverait aucun moyen de se sustenter avant un certain temps. Or depuis qu’il cultive et élève, il a virtuellement la quantité de nourriture nécessaire à sa sustentation et ce quand il le souhaite. Pourquoi dans ce cas conserver un moyen de subsistance qu’il peut consommer frais ?
Les soupes et brouets consommés dans des outres en peau étaient cuits grâce à l’ajout de pierres tirées du foyer et ne nécessitaient pas d’autres ustensiles sinon peut-être une tige pour remuer. L’apparition des galettes et des bouillies implique un changement d’état de l’aliment, qui sera broyé ou concassé puis mélangé à une plus ou moins grande quantité de liquide lors de leur préparation (galettes) ou de leur cuisson (bouillies). Ce qui ajoute une étape à la confection du repas, celle de préparation. Et cette étape va nécessiter un mobilier culinaire de plus en plus spécifique au fil des siècles. Au néolithique ce dernier se résume à un matériel de mouture basique
comprenant une partie fixe présentant une surface plate et abrasive qui accueille l’élément à transformer et d’une partie mobile actionnée à la main suivant un schéma répétitif jusqu’à obtention du degré souhaité de mouture. Mais le malaxage de la préparation nécessite afin de s’effectuer, un récipient solide, et à bords hauts pour des raisons évidentes. Comme il ne sera pas obligatoirement employé pour la cuisson, il n’est pas obligé de présenter des qualités de résistance à la température. Aussi il pourra par exemple être réalisé dans une pièce évidée à la main (les premières traces de tour à bois sont consensuellement datées de 1,3k BC en Egypte) de bois végétal suffisamment dur, comme en attestent les restes calcinés de vaisselle retrouvés lors des fouilles du village de Mureybet au Proche Orient et datant de 9,5k – 9k BC. Mais le récipient pourra également être réalisé en pierre, comme en témoignent les éléments de vaisselier en chlorite mis au jour lors des fouilles conduites en 2008 et 2009 du site de Körtik tepe dans le sud-est anatolien datant du néolithique pré-céramique (10k BC).
Vaisselle de pierre retrouvée à Körtik tepe, néolithique pré-céramique
Or si la galette n’a besoin dans un premier temps que d’un coin de pierre du foyer pour cuire, la bouillie nécessite une cuisson beaucoup plus lente ce qui signifie une régulation
dans l’exposition de l’aliment à la source de chaleur.
Et c’est vers 7 – 6,5k BC que sont mises en Europe du sud sur pieds les premières proto-marmites en terre cuite permettant d’atteindre le type de cuisson désiré[3].
[1] http://www.hominides.com/html/references/les-premiers-agriculteurs-0810.php
[2] http://www.thenibble.com/REVIEWS/main/cheese/cheese2/history.asp
[3] http://www.dikili-tash.fr/content_en/chronologie/neolithique/neo_alimentation.htm